Fabien Granet – Zones Littorales
La quête du paysage et des fictions qu’il révèle mène Fabien Granet aux frontières des « Zones littorales », voyage qui interroge trois notions…
Le Paysage, fin ou prétexte ?
Les œuvres de Fabien Granet se définissent comme une exploration des trames du paysage, dans sa définition et ses enjeux. De cette « fenêtre ouverte sur le monde », il révèle les cadres et les lignes de fuite, comme autant d’éléments géométriques à la base de toute composition harmonieuse. Sur cette trame rigoureuse se recrée une image, par assemblage de motifs empruntés au réel.
Se dessine alors une réflexion sur la perceptibilité du visible. Formes organiques instables et géométrie rigoureuse se mêlent dans ses dessins, dont le medium lui-même ouvre aux mécanismes de (re)composition. Si l’homme a bâti l’idée de paysage, quelle liberté s’offre-t-il derrière cette notion ?
L’œuvre, retranscription de la réalité ?
Ou mirage. La structure et le chaos. L’homme recrée ses espaces, il détruit, distord, reconstruit ; il façonne le monde à son usage ou à son plaisir. De même, l’artiste offre une vision recomposée d’après nature, dans laquelle le motif est prétexte à exploration. Le réel est morcelé, réagencé, transfiguré.
En ce sens, coexistent le dessin et sa matière constructive, dans un paysage qui dépasse la réalité. L’artiste en extrait la matière ; il s’agit d’une lecture nouvelle, subjective. Qui ouvre à l’expérimentation des mécanismes de la perception du visible. Ainsi, les formes noires, géométriques, présentes dans les œuvres de Fabien Granet, sont la part de liberté d’interprétation qu’il laisse à chacun.
Les littoraux, confluence ou frontière ?
Puisque la réalité glisse au rythme de son regardeur, que sa lisibilité reste perturbée par nos propres cadres, l’on peut avancer qu’elle doit poursuivre son évolution dans les méandres de la pensée. Le littoral est particulièrement propice à ces égarements. Il est l’espace de toutes les rencontres. La terre s’achève au contact brutal de l’eau, sous le voile bienveillant du ciel.
En ce lieu se lient les éléments, dans une multiplicité de glissements lancinants. Ils sont d’autant plus propices à la création, portant trace d’une nature maritime meurtrie par l’homme, et pourtant ouverte vers un horizon infini.
Pour la Galerie, texte par Blandine Boucheix / Mai 2020.