Les oeuvres de Johann Fournier, visuelles, scénographiques ou poétiques, saisissent.
Entre tragédie du vrai et onirisme fictif, elles oscillent pour rétablir un perpétuel équilibre où la nature se trouve omniprésente, en ce qu’elle accueille l’homme et ses espoirs. L’artiste s’en saisit, extrait patiemment les fragments visuels qu’il ré-assemble ensuite, dans un dévoilement métaphysique de notre univers.

Déconstruire pour mieux saisir dans son essence, emprunter au visible les parts de fictions bâties à l’aune d’une sensibilité profonde. Révéler le réel par le rêve, ou l’inverse. Photographe, Johann Fournier l’est de la mystique propre à chaque être, à chaque chose. Il puise dans la poésie anagogique de l’espace sauvage ; au delà des apparences, il sait percer la carapace de l’image pour en découvrir l’être intime et ainsi livrer l’envers du réel.

Le basculement est lent. La puissance de l’image contemplative happe, « Avec le ciel et les oiseaux, dans la géométrie du monde ». Le rythme lancinant se mâtine pourtant de variations diffuses ; notre regard devient captif du mouvement fascinant de la nature. Notre attention toute entière s’en trouve suspendue, prisonnière de cette liberté nouvelle. Paradoxe. Se laisser porter par l’instant est un luxe échappé aux souvenirs d’une sensibilité enfantine ; rares sont ceux qui se l’offrent.

Les rêveurs.
Qui savent retrouver l’isolement des « Refuges invisibles » et ouvrir un regard distancié sur le monde, emmêlement d’espace et de temps. L’artiste dévoile la solitude de l’homme qui choisit l’intériorité comme refuge, dans des compositions d’une maîtrise rare, ou la poésie des couleurs embrasse une projection personnelle de l’être dans son rapport au monde naturel. L’homme habite la terre, les oiseaux, l’éther. S’isoler pour respirer. Basculer dans l’intime, dont les récits se créent à notre insu. L’artiste, nourri de ciel, dévoile les siens.

Pour la Galerie texte par Blandine Boucheix  (coordinatrice projets et expositions) Mars 2020.