Boralevi – Burmeister | Portraits d’une génération en mouvance

[FR] – Les travaux de Marie Boralevi déploient les interrogations d’une jeunesse en quête de sens. D’un catalogue de références visuelles patiemment sélectionnées, elle prélève les morceaux d’image qui donneront vie à des corps douloureux, témoins de toutes les révoltes dont leur chair est tatouée… Cette synthèse référentielle s’opère numériquement ; imprimée au laser, l’image nouvelle d’un personnage cousu de toutes pièces est ensuite transférée sur papier Japon par un frottement souple qui n’y laisse qu’une emprunte diaphane. La main de l’artiste vient ensuite révéler, par un précis travail au graphite, l’essence de ces jeunes corps pétris de revendications. Une pose souvent frontale et un regard ardent interpellent. Le dessin offre une matérialité expressive à ces êtres fictifs invoqués à la matérialité du réel pour mieux questionner le spectateur face à son semblable.

C’est cette rencontre entre les êtres que veut créer Andrew Burmeister. Photographe, il parcourt les coulisses de la mode qu’il retranscrit pour de nombreux magazines à l’internationale, tout en poursuivant le projet artistique Self Portraits, entamé il y a 25 ans. Par l’intermédiaire de son objectif, il y met en scène la beauté de corps idéaux, dont les caractères lui servent à dresser, étape par étape, un autoportrait fragmenté. Chaque rencontre révèle une part de son récit intime, dévoilant une identité dont il refuse de freiner la définition aux limites de sa propre apparence physique.

Cette mosaïque d’appropriations souligne l’accaparement de références dont chaque être se forge une identité. Quelle meilleure réponse que le portrait à cette quête intime ? Elle est éclatée en multiples facettes chez Andrew Burmeister ou à l’inverse résumée sur chacun des corps de Marie Boralevi. Reste la même interrogation sur l’individu comme amalgame de composantes hétérogènes, en réponse au monde environnant. A ce titre, l’approche d’Andrew Burmeister a considérablement évolué au long de son projet, pour aujourd’hui questionner la pression que subit la jeunesse, érigée en idéal sociétal, constamment sommée de se conformer aux diktats qu’elle se doit de représenter. La fracture adolescente questionne ainsi les apparences ; les corps se cherchent et s’apprennent. Derrière ces carapaces travaillées, se forgent des consciences que dévoilent patiemment les deux artistes : ils interrogent une génération en devenir, qui cherche sa place pour être en capacité de vivre encore…

Pour la Galerie, texte par Blandine Boucheix  / Mai 2020.

Boralevi – Burmeister | Portraits of a generation in flux

[EN] – Marie Boralevi’s works bring to light the questions plaguing a youth in search of meaning. Starting with a catalogue of carefully selected visual references, she uses pieces of images to bring tortured bodies to life, witnesses to the myriad of protests tattooed on their flesh. This referential synthesis is first processed digitally. After laser printing, the new image of the stitched together character is then transferred onto Washi* through a delicate friction process that leaves a diaphanous imprint on the paper. The artist’s hand then intervenes to reveal the essence of these young, socially committed bodies through the skillful use of a graphite pencil and powder. The often frontal poses, the piercing looks capture your attention. Her technique gives an expressive materiality to these fictional beings, summoned into our material reality as if to make viewers question their relationship to their fellow men (and women).

This meeting between beings is also what photographer Andrew Burmeister seeks to achieve through his work. In addition to captu