Comme un dimanche Raphael Renaud

Pour cette exposition personnelle de Raphaël Renaud, la galerie Jean-Louis Ramand se parera des couleurs franches qui forment la palette de l’artiste. Ses oeuvres peintes à l’huile, sur toile ou sur bois, émergent d’une rencontre avec l’image : jonction fortuite ou capture volontaire d’un instantané du quotidien, cette approche photographique sous-tend le travail pictural. Elle se retrouve bien souvent dans les cadrages ou dans le choix des sujets, qui auraient pu être ceux de nos photos d’une fin de semaine emprunte de simplicité nous plongeant dans la familiarité d’ambiances bien connues.

De cette approche naît une oeuvre intuitive dont les notes colorées et lumineuses s’harmonisent en une scène immédiatement identifiable que l’on pourrait croire de prime abord peinte selon les règles de l’hyperréalisme. Pourtant, il suffit de s’approcher au plus près de l’image pour se perdre entre les touches de couleurs qui en font une oeuvre proche de l’abstraction… A la jonction de ces contraires apparents, une transcription de la sensation immédiate par un coup de pinceau franc et spontané ramène aux scènes impressionnistes, saisies dans une nature chatoyante ou au coin d’un salon.

Leurs couleurs vives et franches, mêlées à l’exploration de la lumière dans tout ce qu’elle peut offrir de contrastes, subliment la perception d’un instant unique. Malgré cette profusion, les oeuvres de Raphaël Renaud procurent calme et sérénité. Celle d’une évasion espérée ou d’un cocon quotidien. Dans tous les cas, la sensation prime : celle d’un bien-être indescriptible, d’une pause méritée dans l’imbroglio inextricable d’images qui accompagnent nos angoisses quotidiennes. Le projet de l’artiste s’invite à l’inverse comme une promenade entre les murs de la galerie, une déambulation sous les nuages ou au bord de l’eau, dans l’ombre rassurante d’un intérieur protecteur ou le coin d’une bibliothèque où l’esprit voyagera à son tour…

A contre-pied de la surabondance alarmiste des images médiatiques qui nous assaillent, le travail de Raphaël Renaud se veut contemplatif, rappelant le paisible dimanche à la campagne d’une promenade oisive hors du temps. L’unicité de l’instant comme l’universalisme du sujet mènent à une harmonie où réalisme et abstraction se marient en une tranquille intensité, une perte dans le connu, une étrangeté dans le quotidien. Toute en contraste, l’oeuvre de Raphaël Renaud est comme une pause réflexive dans notre monde en ébullition, une bulle de silence qui autorise les retrouvailles avec son propre être intime.

Blandine Boucheix, Historienne de l’art et commissaire d’expositions indépendante

Comme un dimanche Raphael Renaud. Exposition du 23 mars au 11 mai 2024.

Exposition soutenue par le Centre National des Arts Plastiques