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Audrey Casalis – Juliette Jouannais – Claire Nicolet

La valse des ombres – Aix en Provence

Les travaux d’Audrey Casalis, Juliette Jouannais et Claire Nicolet se croisent dans une valse claire-obscure, entre camaïeu de gris et profusion de couleurs. Les trois artistes jouent du mouvement qui les unit ou les sépare en un tourbillon de valeurs qui met en avant l’espace dans son occupation et ses représentations.

Claire Nicolet, diplômée de l’École Estienne et de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris, arpente les villes… Ses recherchent l’amènent à appréhender l’espace comme une construction humaine à redécouvrir par la fenêtre ouverte sur la mer d’une Robinsonnade aux transparences de matières qui cachent moins qu’elles ne révèlent. Lors de ses longues marches au rythme de musiques qui les accompagnent, l’artiste découvre les lieux urbains sous un jour nouveau, s’attachant à un détail, une lumière, une ombre qui révèlent un nouvel aspect du paysage. Le reflet d’un arbre accroche un instant son regard, échappé d’un jardin ou d’un parc. Il s’étale au sol, tel l’ombre au bout de la Caverne platonicienne. Le reflet et son réel se confondent sur les murs et l’asphalte, questionnant notre rapport à l’image et à son interprétation.

Ce jeu d’ombre se décline dans l’œuvre de Juliette Jouannais, artiste parisienne elle aussi diplômée de de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris. Ses abstractions à la gouache se reflètent sur les murs blancs où elles s’exposent, donnant une seconde lecture dans le reflet coloré qui entache la blancheur immaculée. Les lignes sont souples, dansantes, telle la trace persistante d’êtres se rencontrant dans leur danse. Ils s’accordent dans un parcours connu d’eux seul, dont le fantôme se trace de variations colorées. La rencontre s’opère entre le corps et son reflet ; le mouvement prend alors matière dans les faïences de l’artiste, expression en volume de cette rémanence ambiguë.

Ce corps reste le centre d’attention d’Audrey Casalis, y compris lorsqu’elle regarde les arbres dont l’écorce forme une peau à la fois suave et grumeleuse. Les positions de leurs branches se rapportent à des bras tendus, tordus, distordus… Ils sont la force qui nous manque parfois, l’ancrage permanent, parfois même au-delà de leur mort, lorsque leurs souches restent plantées dans le paysage, en une lente dégradation que l’homme n’aura le loisir de contempler… A l’inverse de celle des amaryllis, fleurs qu’elle croque dans leur paisible décomposition mortifère. Elles forment une image de la fragilité de chaque être venu au monde pour tendre vers sa propre disparition.

Dès lors, notre existence se trouve questionnée quant à son inscription dans le temps, dans l’espace. Nous nous éveillons chaque jour entre concret et abstrait, sans parfois nous rendre compte de nos propres perceptions du réel ou de l’illusion. L’ensemble se rencontre et se mêle dans une danse langoureuse, métaphore du passage de chacun en ce monde avec ses beautés et ses douleurs, ses parts d’ombre et de lumière.

Texte de l’exposition écrit par Blandine Boucheix (Conférencière, et Commissaire d’expositions indépendante).

La valse des ombres – Aix en Provence

Du 15 février au 5 mars 2022
Vernissage samedi 19 février 2022, à partir de 18h.

Jours et Horaires d’ouverture : du mardi au samedi 10h30/13h et 14h30/19h

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